Hakimgom Dragon Ecrivain
Nombre de messages : 141 Age : 61 Lieu : Eure & Loir Reroll : Ardage, Manchaar, Thoir, Dranaria, Andoraluna, Attross Date d'inscription : 08/11/2007
| Sujet: Première lune des venaisons,année..., Au delà des maleterres Sam 29 Déc - 23:40 | |
| Histoire narrée par Oboron
Le chemin du monde a continué jusqu'à une nouvelle nuit. Le froid fait trembler mon écriture et l'inconfort de ma position rendra ces quelques mots, s'ils survivent, difficiles à lire. Notre campement s'est établi tout au long d'une corniche élevée, battue par les vents du continent nord qui, des rivages jusqu'à nos tentes, lèchent d'une langue douloureuse notre tristesse et nos blessures. La neige humidifie désagréablement mes cheveux et mes lèvres se gercent et tremblent. Je vois Moraea m'amener une tasse de café chaud et je presse son métal avidement comme si celui-ci pouvait assurer ma survie. Elle ne m'a pas regardé mais je sais tout ce qu'elle ne voulait pas que je lise sur son visage. Cette journée n'aurait pas dû naître et je n'arrive pas à distinguer le bien ou la douleur que le temps nous accorde. L'aube de ce matin a été la plus rouge de l'histoire d'Azeroth et désormais les choses avancent dans des visions qui ne semblent plus appartenir à la réalité. Beaucoup d'entre nous sont morts.... J'ai mal de ne me pas considérer autrement que comme une âme en sursis. Dwalgul m'a dit plus tôt qu'il nous fallait accepter les jours que nous obtenions comme une avancée plus longue vers la lumière, et qu'il nous fallait continuer pour gagner notre place dans l'immortalité. Il m'a sauvé au cours de cette journée, et j'espère être digne d'incarner, comme lui et nos chefs, la valeur qui inspire et qui fait que les mains tremblent moins sur la ligne des combats.
Ils étaient innombrables... comme une vague homogène de chair pestilentiel, de visages tordus par la haine, de sang et d'ichor se déversant des mâchoires voraces de l'enfer, ils ont empli l'horizon de leur armée funeste. Il n'y avait qu'une légère couche de neige ce matin et de légers flocons amoindris par la chaleur hésitante d'un soleil pâle. Le vent et les bruits de la nature semblaient s'être tu et je n'entendais que le grondement et les hurlements de rage meurtrière des créatures innommables qui venaient pour exterminer toutes parcelles de vie. Comme ils étaient nombreux... Nos lignes semblaient infimes, comme les ondes d'un tissu fragile, mais nous étions là malgré tout. Le silence était accablant mais personne ne voulait le rompre, j'en ignore encore les raisons. Je me tournai avec hésitation pour regarder Lioumeï derrière moi; elle me sourit avec tendresse, je ne sais pas si je lui rendis, et elle fixa l'Horizon: son visage se figea. Il n'y avait que les grommèlements et les jurons de Bassdwarf pour rompre le mutisme total. Et ce fut Hakimgom qui rompit la ligne et le silence, accompagné de Blondinette, de Dwalgul et de Moraea. Ils avancèrent de quelques enjambées, attirèrent les regards de toutes les races et brandirent leurs armes avec un hurlement de défi: Ils avaient raison et le soleil perçait à travers ses gloires pour illuminer de justice leurs armures!
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La réponse des terres libres, où se mêlaient les orcs, les elfes et tous ceux qui avaient vu ce jour comme le dernier, fut unanime: elle emplit la pleine comme une marée de bravoure. Les armes martelèrent les boucliers et chaque hurlement d'un corps d'armée en appelait un autre. Rejoignant cette nouvelle ligne de force et de détermination, Mirendas, Urseline, Fagarandé et bien d'autres se joignirent à ce choeur guerrier et le tumulte des hurlements fut tel qu'il semblait parcourir comme une vague les races libres. Cleymore vint se mettre à côté de moi et nous avons échangé un long regard et nous avons acquiescé....le reste se noie dans un rêve dont la terreur et la rage occulte la raison. Je revois comme par des images d'éclair, les nuées de métal se déverser dans nos rangs, les rictus de souffrance, d'agonie et de plaisir meurtrier danser tour à tour sur les êtres, et j'entends encore les voix de Blondinette et de Xamathéos par dessus le vacarme hurler " Tenez la ligne" avec l'ardeur d'une résistance ultime.
Mais nous tenions... Le temps avait refusé sa cohérence et d'innombrables instants semblaient se figer dans l'éternité. C'est ainsi que je compris que le flot d'ennemi n'était qu'une première vague. Le désespoir afflua en moi quand je vis à l'horizon des créatures gigantesques arpenter d'un pas lourd la plaine et annoncer le glas d'une monstruosité grandissante: le commandant des abîmes venait de franchir le portail. Le reste se mêle dans un maelström et un chaos qui fait le flou de ma mémoire....
Je reviens à ma vision actuelle, la pénombre projette des lueurs incertaines sur les voilures de ma tente. Je me lève pour border Lioumeï et dépose un baiser sur sa tempe. Je la quitte un instant pour rejoindre la tente de l'état major où Lüdmillu, Charme, Blondinette, Hakimgom, Dwalgul et bien d'autres m'attendent. Nous avons décidé, après les événements de cette journée figée dans l'innommable, d'organiser la résistance et de tenter de fédérer les survivants de l'hécatombe. Je ne peux m'empêcher de me demander ce que l'avenir réserve aux mondes. Et je refuse d'avouer à d'autres choses que mes écrits à quel point la peur des jours prochains me tient les entrailles.
Une bourrasque lève les voiles de ma tente et éteint ma bougie. Je la ranime avec d'autres et espère qu'à l'instar de notre guilde, nous pourrons raviver les flammes de l'espérance. Mais que peut nous réserver le lendemain?
Je dois y aller maintenant, et j'ai toujours l'appréhension de savoir si ces mots que j'écris seront les derniers...et si la nuit propice et secrète que je souhaite au monde entend avec le sourire de la vie ma supplique....
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